JOAN BROWN

Lorsque Joan Brown emménage chez Jay Defeo au 2322 Fillmore, la jeune femme n’est alors âgée que de 19 ans. Nous sommes en 1957, et Howl et On The Road sont sur toutes les lèvres. Les nouveaux princes de la génération perdue, Kerouac et Ginsberg sont partout. Mais parmi les rangs beat, Brown fait figure d’exception. Alors que le scandale secoue l’Amérique, la môme à l’allure teenager est déjà une star mondiale de la peinture figurative californienne et l'une de ses principales icônes. Un succès critique qui, à peine trois ans plus tard, lui ouvre en grand les portes du Whitney Museum, tandis que le tout New York s’amourache de ses toiles. Un beau démarrage à peine ses études d'art terminées. En plus de son statut d’enfant prodige, Brown s’investit dans de nombreux projets artistiques dits éphémères, qu’elle réalise à l’aide de matières organiques, comme il était de coutume à la fin des 50s, et participe au développement du mouvement funk art. Elle ne tarde pas à rejoindre les troupes du Rat Protective Association, fondé par Bruce Conner en hommage aux nouveaux artistes scavenger, connus pour collectionner les déchets et autres saloperies en tout genre.

Mais l’année 1964 marque un tournant dans la carrière de Joan Brown. Plus expérimentaliste qu’expressionniste, la peintre change radicalement de ton, ce qui l’éloigne de l’épicentre new yorkais. Préférant un art plus personnel, empreint de spiritualité et de surréalisme, ses portraits l’érigent au rang d’une Kahlo beat. Malgré sa renommée passée, les critiques actuels semblent ne pas lui accorder le même crédit qu’à d’autres peintres aux thèmes souvent similaires, tels que Hockney, ou encore Diebenkorn, pour l’exemple.