ANYA PHILLIPS

I think now about Anya Phillips who so briefly illuminated this fleeting world. I think about clothes worn by people so recently and yet how long ago it all seems that Anya would show up in those cocktail dresses and of all things, a Chinese girl in a blonde wig. And now all the girls in their cocktail dresses who never heard of Anya and how quickly each generation catches the look of its creators and forgets the moral underneath. Rene Ricard

Dans l’histoire du punk, l’héritage d’Anya Phillips s’est plutôt fait discret. Même si son nom se balade au coin de quelques lignes, son personnage, plus ou fantasmé par des ouï-dire, n’a pourtant eu de cesse d’intriguer. Ainsi, son petit ami de l’époque, James Chance (aka James White), la présentait comme la fille d’un général nationaliste taïwanais et d'une aristocrate de Pékin exilés de la chine communiste, sans que l’on sache vraiment s’il s’agissait de la vérité ou d’une simple légende crée de toutes pièces.

Il n’en reste pas moins qu’Anya Phillips était de celle qu’on ne pouvait ignorer. Créature iconique de la scène punk new yorkaise des 70s, Anya fascine par son sens inné de la mode. Debbie Harry, sa partner in crime de l’époque, se souvient de son look haut de gamme, qu’elle comparait volontiers à celui d’une « putain », comme on savait y faire chez les filles rock'n'roll.

Styliste à ses heures perdues, la création d’Anya la plus connue reste sans conteste la robe rose que porte la lead singer de Blondie sur leur disque Plastic Letters, en 77. Mais on peut retrouver de ci de là certains de ses modèles facilement identifiables de par leurs coupes lacérés, qui semblaient faire echo à son passé de dominatrice et de strip teaseuse.

Cependant, les fringues et le sexe n’étaient pas les seules préoccupations d'Anya (même si elle appréciait écrire deux trois anecdotes sur ses conquêtes dans un journal intime qu’elle n’hésitait pas à laisser trainer dans ses toilettes, histoire de faire passer le temps aux quelques occupants, comme a pu le raconter la photographe Eileen Polk, une ancienne colocataire).

Co-fondatrice du club Mudd (que les Talking Heads cite dans Life during wartime), actrice (notamment dans le film d'Amos Poe, The Foreigner, où Anya porte une combinaison de cuir acheté chez Sex), photographe, directrice artistique, manager, dealeuse de came, Anya est une touche à tout de talent et n’est pas là pour jouer le rôle de la bimbo asiat de service. Brillante et jamais avare de sarcasmes, ses proches se souviennent d’une femme au caractère fort…mais quelque peu dérangé. Pour l’anecdote, alors qu’elle était sur le dancefloor du Mudd, Anya n’a pas hésité à frapper une autre femme. La raison de cet accès de colère ? La môme Phillips n’aimait la manière dont cette pauvre nana dansait.

Et bien qu’Anya se tape un musicos de post punk, ne pensez même pas la cataloguer dans le rayon groupie. Même si elle chante sous le nom de Ginger Lee sur le disque Off White de James White and the Blacks, son rôle ne s’est pas limité à celui d’une simple choriste de seconde zone, ni même à celui de pom pom girl sur les devants de scène. La couv du 33 tours ? C’est son cliché. La gestion de l’image du groupe ? Ce sont ses choix artistiques. Et quand James Chance sort un autre disque, sous le nom de James Chance & the Contortions, encore une fois, Anya se colle à la photographie pour la réalisation de la couv.

Pourtant, ses efforts en tant que manager n’ont pas toujours été couronnés de succès. Avant qu’elle ne prenne en charge la carrière de James Chance, Anya avait tenté de travailler avec Lydia Lunch…un véritable fiasco, comme l’explique  James :  Well, for one thing they really didn’t like each other very much! Even though actually, before Anya was managing me, she did make a short-lived attempt to manage Lydia, but that didn’t work out very well, (laughs). I don’t think any of the things that Anya found for Lydia to do, she never did any of them, and just found her own gigs anyway, it was kind of a fiasco! Even before I really knew Anya, when I was hanging out with Lydia, Anya was someone who really stood out on the scene, she was very visible, everyone knew who she was, and Lydia would say things like, ‘Let’s do something to Anya!’ All these plots against Anya… she never actually did anything about them but there was definite animosity there!

Récemment, Lunch a cependant clarifié dans une interview sa relation avec Phillips. D'après Lydia, l'addiction d'Anya a été la raison majeure de leur mésentante.

Une vie bien remplie, mais qui s’achève trop tôt. A 26 ans, un cancer emporte Anya, laissant derrière elle des amis dévastés.

She was a powerful energy source that’s now missing from the scene. Anya’s death was a particularly personal loss for us. Debbie Harry